Prévention SIDA et information Santé dans les Prisons
Les personnes incarcérées restent des publics prioritaires en matière d’information et de prévention sur les risques de contamination. En effet différentes études menées sur l’état de santé des détenus en milieu carcéral convergent vers les mêmes constats :
- les personnes détenues y apparaissent comme une population fragilisée et très vulnérable, caractérisée par une surreprésentation des catégories socioprofessionnelles les plus démunies, ayant un niveau éducatif peu élevé, et particulièrement concernée par des problèmes de logement et de couverture sociale avant même l’incarcération ;
- des prévalences et/ou incidences plus élevées qu’en population générale sont relevées pour de nombreuses pathologies telles que les addictions, les maladies mentales et le suicide, les infections par le VIH, les hépatites virales, ou encore la tuberculose, avec des prévalences du VIH 3 à 4 fois supérieure à celle constatée en milieu libre, et du VHC de 4 à 5 fois ;
- des cas de contaminations au VIH et aux hépatites en cours d’incarcération ;
- le choc carcéral ainsi que les conditions de promiscuité, d’hygiène, d’isolement, d’inactivité peuvent être générateurs d’une violence contre soi ou contre les autres. L’aggravation ou la réactivation de certaines pathologies (maladies transmissibles, consommation de substances psycho actives) en sont souvent d’autres conséquences ;
- des indicateurs de pratiques à risques en détention ;
- le vieillissement de la population carcérale est à l’origine de nouveaux besoins dans le domaine des maladies chroniques ;
- un manque d’information sur les situations présentant des risques de contaminations au VIH, aux hépatites et aux IST chez les personnes détenues.
Cette plus grande vulnérabilité des personnes est renforcée par les conditions de vie spécifiques à l’enfermement et la clandestinité des pratiques sous-jacentes puisque interdites en prison (sexualité, injection, tatouage ou piercing).
Objectifs
- Favoriser un processus de valorisation de soi et de meilleure prise en compte de sa santé ;
- Améliorer les connaissances des détenus sur l’anatomie, le VIH/SIDA et les autres IST, les modes de transmission, le dépistage et la prévention ;
- Valoriser le rôle de personnes relais au sein de la population carcérale ;
- Sensibiliser les professionnels de la prison et les personnes détenues à la lutte contre les discriminations ;
- Animer de modules de formation auprès des personnels pénitentiaires sur « hygiène et risques en milieu carcéral » dans le cadre de leur situation de travail ;
Actions
Nos séances d’information favorisent la sensibilisation par les pairs sous des formes diverses: forum santé, émissions de radio, animation d’un stand ludique lors d’un événement sportif, accompagnement de détenus dans la création de supports d’information, expositions des supports créés par des détenus…
Les détenus « relais » sont formés en amont des séances collectives, et il s’agit de petits groupes de 3 à 5 personnes volontaires pour co-animer des séances collectives avec nos intervenants ou relayer les informations, de façon informelle, auprès de leurs pairs.
Notre programme est animé en collaboration avec les unités sanitaires (USN1), les services scolaires, et en lien avec les autres acteurs du monde carcéral (SPIP, surveillants, Administration Pénitentiaire) dans les établissements pénitentiaires suivants :
- Maison d’arrêt de Corbas
- CP de Villefranche/saône
- Etablissement Pour Mineurs de Meyzieu
- CP de Valence
- MA de Privas
- CP de St Quentin Fallavier
- Maison d’arrêt La Talaudière
- CD de Roanne
L’ALS co-anime un groupe de travail intercorevih sur « Prison et santé » qui réunit les 3 COREVIH (Lyon Vallée du Rhône/Arc Alpin/Auvergne et Loire) de la région. Les objectifs principaux de ce groupe sont les suivants :
- Participer à l’amélioration de la qualité de la prise en charge des personnes séropositives au VIH et au VHC incarcérées ou à leur sortie de prison ;
- Etablir des recommandations (mission COREVIH) tant sur la prise en charge des personnes séropositives que sur les priorités d’actions sur la prévention et réduction des risques et des dommages (PREVACAR et PRI2DE).*
A partir d’un état des lieux réalisé en 2012 auprès des unités sanitaires (USN1) des établissements pénitentiaires de la région 3 axes de travail ont été définis par ce groupe :
- Réaliser des supports d’information pour et avec les personnes incarcérées dans les EP de la région AURA ; accès aux supports réalisés depuis 2015 : http://composy.fr/kit-sante-et-droits-en-prison
- Réfléchir et mobiliser les équipes des USN1 autour de la réduction des risques et des dommages en milieu carcéral ; un état de lieux réalisé en 2019 auprès des USN1 est en cours d’analyse ; les résultats seront communiqués courant 2021.